Groupama Perspectives Sectorielles [GPS] - Numéro 17 - Février 2023
La lettre de conjoncture de Groupama Assurance-crédit & Caution



FRANCE : DYNAMIQUES SECTORIELLES

France : des situations assez différentes selon les secteurs



Alors que le taux de marge des entreprises s’érode sous l’impact de l’inflation, le nombre de défaillances d’entreprises a fortement augmenté en 2022 et devrait poursuivre cette tendance en 2023.

Un taux de marge en régression

Alors que la période du confinement avait permis à beaucoup d’entreprises de reconstituer leurs marges, on constate aujourd’hui une érosion des marges. Ainsi le taux de marge (EBE/VA), qui est un indicateur de la profitabilité de l’activité économique, s’est établi au 3ème trimestre 2022 à 38,5 % soit environ la moyenne observée sur l’année 2018. Dans le contexte actuel, marqué par l’inflation et la hausse des prix des intrants, les secteurs qui s’en sortent le mieux sont ceux de l’énergie et des services de transport car ils ont plus que compensé leurs coûts par des hausses de prix. Mais la situation est dans les faits très hétérogènes entre les entreprises et dépend du “pricing power” de chaque société vis-à-vis de ses clients.

Une accélération de l’augmentation des défaillances

En cumul annuel le nombre de défaillances d’entreprises reste inférieur de 20% à 2019 mais la progression est importante par rapport à 2021 (+49.9%). Certains secteurs ont été particulièrement touchés en 2022 : + 76.2% par rapport à 2021 pour le commerce de détail, +130% pour la boulangerie-pâtisserie. La disparition progressive des mesures publiques de soutien aux trésoreries adoptées durant la pandémie et l’inflation des matières premières et des coûts de l’énergie vont accélérer le mouvement en 2023 même si Bercy affiche toujours la volonté très affirmée d’éviter la survenue d’un « mur des faillites ». Le ralentissement est toutefois encore devant nous.

Hausse des créations d’entreprises : que pen-ser de ce contrepied ?

Cet indicateur est souvent mis en avant par le Gouvernement pour illustrer le dynamisme de l’économie française, mais il est difficile à interpréter. Avec 1,07 million d’entreprises créées, un record a certes été battu en 2022 (+1,7 % par rapport à 2021). Mais ce chiffre est à relativiser pour deux raisons : d’une part, il s’agit surtout d’autoentrepreneuriat (dans 73 % des cas). D’autre part, cette dynamique est portée par le secteur des « services aux entreprises », classe très hétérogène et pas toujours à forte valeur ajoutée. Enfin, il faut garder à l’esprit que les créations d’entreprises reflètent médiocrement l’état de la profitabilité de l’activité économique.




  Mensuel Annuel
  Décembre Novembre Décembre Novembre
Création d'entreprises - tous les secteurs et toutes tailles -3,4% 2,2% 5,1% 13,0%
Industrie -5,2% 8,5% 15,3% 32,8%
Industrie manufacturière -16,3% 5,3% -6,5% 25,2%
Construction -3,0% 2,3% 7,3% 13,1%
Commerce -1,3% 1,3% 0,9% 3,0%
Services 0,3% 4,2% 5,7% 6,2%

Création d'entreprises (Sources PrimeView, INSEE)