Alors que les gouvernements s’enchaînent, la situation française n’est pas bonne. Sa dette actuelle atteint désormais près de 115 % du PIB à la fin du deuxième trimestre, sa note a encore été dégradée vendredi 17 octobre par l’agence S&P, les dépenses publiques s’élevaient à - 5,8 % du PIB en 2024 et la croissance du PIB n’est estimée qu’à 0,6 % selon l’OCDE pour 2025.
Pour autant, s’il est vrai que la situation est préoccupante, il ne
faut pas faire preuve de trop de pessimisme pour l’hexagone.
Tout d’abord, les taux d’intérêt français ne sont pas encore trop
éloignés de leurs homologues européens. L’écart entre le taux
à 10 ans français et le taux à 10 ans allemand n’atteint que 80
points de base. Cela démontre que la confiance des investisseurs
est encore bien présente. De plus, d’autres pays comme le
Japon, l’Italie ou même les Etats-Unis connaissent des situations
moins avantageuses (respectivement 250 % et 130 % et 119 %
du PIB au T1 2025 – cf. graphique).
Notre hypothèse est que la Banque Centrale Européenne (BCE)
se portera garante de la dette française quoi qu’il arrive, de la
même manière qu’elle s’était portée garante de la bonne tenue
de l’euro en 2011 avec la Grèce. Ne pas soutenir la deuxième
puissance européenne laisserait à penser que la monnaie
unique pourrait disparaître, ce que l’institution monétaire
n’autorisera pas. Les investisseurs sont donc toujours
convaincus que la France est « too big to fail » et sera sauvée
par la BCE si les choses déraillaient.
Le potentiel de croissance français est sous-exploité actuellement. L’immobilisme auquel fait face le pays reste bien plus dangereux que notre niveau de dette. Pour autant, la France a les cartes en main pour rebondir, à condition de cesser de céder au fatalisme et d’agir avec ambition, en offrant aux acteurs privés ce qu’ils manquent le plus aujourd’hui : de la visibilité et de la stabilité dans les règles du jeu...