Si le pays a d’abord eu du mal à se remettre de la réunification, le passage au XXIème siècle lui aura permis de retrouver son rang, grâce à deux atouts majeurs compensant la faiblesse de son marché intérieur résultant du vieillissement précoce de sa population. Tout d’abord, les réformes mises en oeuvre par Gerhard Schröder au début des années 2000 et la création de l’euro. En effet, ayant regagné en compétitivité en fournissant un gros effort sur le marché du travail, la monnaie unique a permis au pays d’ancrer dans le marbre le surplus de compétitivité de l’Allemagne par rapport à ses voisins, et a eu pour conséquence l’envolée du poids des exportations dans la richesse du pays, passant de 28 % du PIB en 2000 à … 50 % du PIB en 2022. Cette réussite semble malheureusement désormais altérée au regard de la montée des protectionnismes partout dans le monde et d’une dynamique moins forte de l’économie mondiale. En effet, la demande externe dont le pays aura bénéficié pendant deux décennies n’est autre que la demande interne des autres… Celle-ci ayant désormais tendance à se tasser, il devient de plus en plus probable que la première économie européenne rentre durablement dans le rang en termes de croissance à horizon 2030.
Le pays ayant clairement le plus bénéficié de la création de la monnaie unique a été l’Espagne, en raison de la baisse très forte des taux d’intérêt du pays qui ont convergé vers ceux de la France et de l’Allemagne. Ces derniers sont passés en moyenne de 9,5 % dans les années 90 à 3 % dans les années 2010. Cette plus grande disponibilité de l’argent n’a pas été sans provoquer de graves problèmes pour le pays, avec l’une des plus grandes bulles de l’Histoire dans le secteur immobilier au milieu des années 2000, qu’il a fallu ensuite purger durant de longues années. Mais au-delà de ces soubresauts, l’Espagne affiche une croissance réelle robuste de 2,0 % en moyenne sur la période 2000/2020, bien au-dessus de ses partenaires français (1,5 %), italiens (0,5 %) et allemands (1,4 %), avec une dynamique désormais bien plus équilibré pour le pays.
L’image qu’on renvoie souvent de l’économie du pays est relativement réaliste : l’économie de l’Hexagone apparait comme l’élève moyen de la zone, mieux que l’Italie, en ligne avec l’Allemagne et en deçà de l’Espagne. Les exportations n’ont pas véritablement évolué, malgré la désindustrialisation ayant frappé le pays, mais le pays a su conserver un secteur des services robuste. Seul véritable point noir, l’endettement privé, alors qu’il était relativement maitrisé jusqu’au début des années 2000, n’a cessé de progresser jusqu’à faire de la France le mauvais élève de la zone euro.