Groupama Perspectives Sectorielles [GPS] - Numéro 20 - Février 2024
La lettre de conjoncture de Groupama Assurance-crédit & Caution



PAGE SPÉCIALE : ALLEMAGNE

Le déclin, faute d'une politique budgétaire adaptée



Première puissance de la zone euro pendant des années, l’Allemagne finit 2023 en récession


L’Allemagne peut-elle redevenir la locomotive de la zone euro ? C’est une question qui suscite l’intérêt alors que le pays a affiché une croissance négative de -0,1 % en 2023 ! Si peu de pays européens peuvent prendre le relais, il est pourtant difficile de répondre par un « oui » ferme.

L’industrie allemande pâtit de la faible demande externe…

Cela fait 19 mois que l’indicateur avancé du secteur manufacturier allemand se trouve en zone de contraction, dépassant l’ancien record historique de 18 mois consécutifs de janvier 2019 à juin 2020 (graphique 1). En cause, une production industrielle allemande en recul quasi-constant depuis 2019 avec une évolution des carnets de commandes qui se contracte et des exportations qui reculent. Toutes les zones vers lesquelles l’Allemagne exporte sont moins demandeuses. Le plus marquant étant la demande chinoise qui s’enfonce désormais (graphique 2). Le levier de croissance externe parait donc aujourd’hui inopérant…

Mais la demande interne ne prend pas le relais

La faiblesse de la demande interne n’est pas nouvelle, mais elle avait été compensée par la capacité du pays à aller chercher une demande externe, aujourd’hui asséchée. De fait, l’impact est d’autant plus important pour des ménages dont les emplois sont souvent liés aux exportations. Ces ménages, vieillissants, sont ainsi doublement pénalisés dans un contexte où le crédit est devenu plus cher… Il n’y a donc que peu de chance pour que la mécanique allemande reparte vivement dans les mois à venir, sauf à adapter la politique budgétaire allemande pour soutenir l’économie.
Mais les Allemands, comme les européens, sont plus politiques que pragmatiques : en refusant de soutenir les agents privés via du déficit public, ils prennent un risque majeur d’aggravation des récessions à venir en 2024...